Nadia, une survivante, témoigne

Nadia se bat pour que les victimes ne soient plus vues. « Ne pas être vu quand on est enfant est une chose, mais que cela arrive encore à tant d’enfants aujourd’hui me brise le cœur. En tant que survivante, je veux me battre pour que les jeunes qui grandissent dans les mêmes circonstances soient vraiment vus et ne soient pas mis de côté. »

Nadia est partie à la recherche de son propre passé. Elle a été victime de trois des quatre formes possibles de maltraitance infantile : physique, sexuelle et mentale, et n’avait aucun souvenir de la période précédant son 16e anniversaire. « Quand on apprend qu’il y a encore aujourd’hui des enfants qui vivent la même chose et qui doivent passer leur vie en mode survie, ça fait mal. J’ai 34 ans aujourd’hui et je n’ai réalisé que depuis deux ans que je survivais ».

« Grâce à la thérapie EMDR, j’ai pris conscience de mon PTSD* complexe et de ses conséquences. L’EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing) est une thérapie qui aide à traiter les expériences traumatisantes. Grâce à des mouvements oculaires ou à d’autres formes de stimulation rythmique, comme le son ou le toucher, les souvenirs traumatisants sont revécus et traités, ce qui peut réduire leur impact émotionnel. « C’était difficile, mais cela m’a aidé à comprendre et à me pardonner. J’ai pu commencer à chercher qui je suis, ce dont je suis capable et ce que je veux accomplir. L’EMDR m’a aidé à retrouver des éléments de mon passé que mon cerveau avait cachés pour me protéger. Bien que cela ait été difficile, je suis reconnaissante car je peux maintenant commencer à faire face à la situation.

Mon fils m’a également fait comprendre que je pouvais faire la différence. Je veux lui donner la vie que je n’ai pas eue, sans douleur et pleine d’amour. J’ai essayé de le protéger, mais je me rends compte que je l’ai parfois blessé à cause de mes propres traumatismes. Malgré mes erreurs, j’ai brisé le cycle de la souffrance familiale et j’espère que mon fils fera de même pour les générations à venir. C’est pourquoi je veux me battre. Nous sommes des survivants, plus forts que la plupart des gens ne le pensent. Nous sommes des guerriers. J’espère que mon histoire pourra inspirer d’autres personnes et leur faire savoir qu’elles ne sont pas seules. Nous devons nous battre pour un meilleur avenir pour nos enfants, pour qu’ils soient vus et entendus. »

*Le SSPT est l’acronyme de « syndrome de stress post-traumatique », qui se traduit en néerlandais par « post-traumatic stress disorder » (trouble du stress post-traumatique). Il s’agit d’un trouble psychologique qui peut survenir après un événement traumatisant et qui se caractérise par la reviviscence, l’évitement, des changements négatifs dans l’humeur et les pensées, et une irritabilité accrue.

Disclaimer : Si la lecture de cet article vous a bouleversé et que vous ressentez le besoin de parler à quelqu’un, n’hésitez pas à appeler les lignes d’assistance disponibles. Pour les enfants et les jeunes en Flandre, appelez Awel au 102 ou visitez www.awel.be. Pour les adultes, le numéro 102 de Tele-onthaal est disponible, ou visitez www.tele-onthaal.be.

Amy