Malgré les difficultés, Sandra a trouvé la force de parler de son expérience, soulignant l’importance de la communication pour surmonter les traumatismes. Son témoignage est un appel à donner une voix à ceux qui ne peuvent pas s’exprimer.
« Bonjour, je m’appelle Sandra et je suis ici pour témoigner des traumatismes de mon enfance. Je veux donner une voix à ceux qui ne peuvent pas ou ne parviennent pas à parler. J’ai toujours été une personne très ouverte à la communication et j’ai toujours pensé qu’il n’y avait pas de tabou, que ce n’était pas de notre faute et qu’il fallait en parler. Je viens d’une famille d’immigrés espagnols qui sont arrivés en Belgique en 1963, après la guerre civile espagnole de Franco. Nous avons toujours été habitués à ce que nos parents se taisent, et il y avait ce tabou du « nous nous taisons, nous ne disons rien ». Mais j’ai toujours choisi le camp du ‘je ne me tairai pas et j’en parlerai' ».
Sandra poursuit en décrivant son enfance difficile, marquée par l’absence de sa mère et la prise en charge par les services sociaux. « De ma naissance à mes trois ans, j’ai été placée dans une pouponnière, souvent une annexe de la maternité. Je vivais en groupe avec d’autres enfants. A l’âge de trois ans, les autorités ont décidé que je pouvais retourner vivre avec le reste de ma fratrie ».
Sandra, survivante de multiples traumatismes dans l’enfance
Elle évoque la complexité des relations familiales après cette séparation précoce. « Nous n’avons pas vraiment de lien entre frères et sœurs ; nous partageons juste un nom commun. Je suis maintenant mère de deux enfants et je vois que la relation est complètement différente. Enfant, j’avais un lien fraternel, mais nous étions et sommes toujours des étrangers l’un pour l’autre.
Sandra explique que ses souvenirs d’enfance sont teintés de sentiments d’abandon et de méfiance. « J’ai toujours eu ce sentiment d’abandon, le sentiment de ne pas être désirée. Les trois premières années de la vie sont cruciales pour un enfant. Je n’ai pas eu ce lien avec mes parents. Cela m’a rendu méfiante à l’égard des adultes et j’ai toujours eu du mal à faire confiance aux autres.
Elle raconte comment ces traumatismes ont affecté ses relations adultes, en particulier ses relations amoureuses. « J’avais tellement peur d’être abandonnée que j’acceptais parfois des relations toxiques. J’étais quelqu’un qui paraissait fort et très dur, mais ce n’était qu’un bouclier ».
Enfin, Sandra souligne l’importance de parler de ses expériences pour éviter de se laisser envahir par elles. « On garde tous ces sentiments à l’intérieur et ils nous rongent. J’ai eu la chance de pouvoir écrire et dessiner pour m’exprimer, ce qui m’a aidée à survivre. » Cette pensée se reflète dans la conception des perles qui formeront l’œuvre d’art inaugurée le 10 octobre : chaque perle exprime une histoire et des sentiments…